Au cours de l’après midi du 17 Février 1986, un vieil homme s’éteint seul, à bout de force à l’hôpital Manchester de Charleville Mezières dans les Ardennes.
Cet homme qui avait subi une opération du col du fémur n’était pas épuisé par les douloureuses séances de rééducation infligées par un personnel hospitalier irrespectueux qui après l’effort, l’oubliait dans un fauteuil inconfortable, les pieds nus.
Non, il était tout simplement usé par ses 89 ans d’une vie bien remplie.
Il n’avait plus envie de relever de défis, ni d’accomplir de marches forcées. Il n’en avait plus la force . Il ne voulait plus recevoir d’ordres, il savait trop ce qu’étaient les ordres…
Allez ! Il faut faire un effort sinon vous ne remarcherez jamais »
Une jambe après l’autre comme ça allez, c’est bien, droite, gauche, voilà, continuez !
Bien avant d’avoir travaillé aux aciéries de Longwy et aux forges de Sedan (pendant la journée) et projeté des films aux cinémas l’ Eden et l’Excelsior de Sedan pendant la nuit.
Oui ! bien avant, un jour d’été 1914, il raconta une « carabistouille » à son père en lui disant que que sa mère était d’accord et il s’engagea dans l’armée Belge pour combattre l’ennemi après avoir aussi mentit sur son âge à son sergent recruteur. Il avait tout juste 16 ans.
D’abord incorporé dans les chasseurs à pied où il connut les âpres combats de la bataille de l’Yser (Steenstraate, Dixmude, l’écluse de Nieuport et Ypres), le soldat de deuxième classe Achille Nollomont qui était originaire d’Arlon, (situé sur la Frontière Belgo-Luxembourgeoise) se porta volontaire pour incorporer la 1 ère Compagnie de télégraphie sans fil.
Grâce à sa parfaite maîtrise de la langue Luxembourgeoise et à son bon niveau scolaire notamment en allemand, le soldat Nollomont parvint à mener à bien certaines missions de renseignement de grande importance par écoutes de l’ennemi aux avants postes des tranchées.
Cette unité d’élite rendu possible, dans les circonstances les plus difficiles de la bataille, les liaisons du G.Q.G avec les organismes dont les communications avaient pour l’armée, une importance vitale
Ce qui valut à ce soldat de recevoir, le 20 mars 1919 (par l’intermédiaire du Chef d’Etat Major Général de l’armée belge), les félicitations du Capitaine-Commandant Philippson de la 1ère T.S.F.A . Il fut décoré de la croix de guerre avec palme.
Le jour de son enterrement, au cimetière St Charles de Sedan, la famille s’aperçut avec effroi que la tombe prévue pour accueillir sa dépouille n’était pas la sienne. Le fossoyeur avait creusé la mauvaise tombe. Dans la précipitation, il fut descendu dans une austère fosse commune en attendant son véritable enterrement, remis au lendemain.
Quelques années plus tard, à la demande de ma grand mère, Achille voyageât à nouveau. Son corps fut inhumé et transféré dans mon village de Villeneuve l’Archevêque (Yonne) où il repose en paix à présent au près de son épouse bien aimée.
Cet homme qui avait vu le jour le 20 Janvier 1898, fût l’un des derniers poilus de l’armée belge.
C’était mon grand-père.
il y a un air de ressemblance